C’est le journal Ouest-France qui nous exhume cette histoire dans un article du 14 avril 2024, relayé par le Courrier de l’Ouest.

En 1935, une décision gouvernementale demande aux industries aéronautiques de décentraliser leurs activités au sud de la Loire. Le PDG d’alors, René Lucien Lévy, décide d’abord de créer une unité de fabrication dans les Basses Pyrénées, à Bidos en 1938, et une fonderie d’aluminium à Arudy en 1939.

Puis en novembre 1939, devant la menace allemande, la société Messier décide de réaliser une usine souterraine de construction de trains d’atterrissage dans la région de Saumur. Point n’est besoin de creuser car le Val de Loire abrite la plus grande concentration de sites troglodytiques d’Europe et c’est près de Saint-Cyr-en-Bourg que Messier trouve les surfaces nécessaires, sur 12000 m2 appartenant à l’époque aux caves de vin mousseux La Perrière.

En effet, le tuffeau, roche blanche poreuse à la fois tendre, légère et solide, est exploité d’abord en carrières ouvertes depuis la période gallo-romaine, puis en sous-sol afin de fournir les matériaux de construction du Val de Loire. Cela crée d’innombrables galeries et caves, souvent exploitées ensuite pour la conservation du vin et comme champignonières.

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L’usine a été aménagée en 4 mois et le déménagement de l’usine de Montrouge a été effectué de février à mai 1940, sans compromettre l’augmentation des cadences de production, passées de 30 trains par mois en juillet 1938 à 520 atterrisseurs en mai 1940. Mais l’occupant allemand arrive en juin 1940 et à peine installée, la société Messier doit quitter la région le 21 juin. Plusieurs centaines d’ouvriers venus de Montrouge repartent en camion vers les Pyrénées. Le site était pourtant prévu pour monter à plus de 1000 personnes avec des recrutements locaux et un programme de logements sur place. C’est la fin de l’histoire. Après avoir été occupé par l’armée américaine, le site est redevenu depuis une cave coopérative !

Lire l’article du Courrier de l’Ouest

Cette usine est évoquée dans le livre Les Combats de Saumur, de Élie Chamard, homme de lettres, historien et industriel, lors de l’avancée allemande :

Les combats de Saumur

Disponible en téléchargement kindle chez Amazon

 

Nous avons visité pour vous la cave coopérative Robert et Marcel qui a racheté à l’état en 1956 10 km de ces galeries souterraines. Il faudra 3 ans pour déblayer les gravats et de nombreuses années encore pour proposer aujourd’hui une visite-dégustation originale en son et lumière. Le lieu n’a bien sûr plus rien à voir avec une usine de trains d’atterrissage. Il n’en reste aucun vestige et la population locale est trop jeune pour se souvenir de cet épisode. Toutefois, en parcourant les différentes salles selon le plan ci-dessous, on arrive à imaginer l’organisation d’une usine avec ses différents ateliers.

L’entrée principale. On est saisi avant même de rentrer par la fraicheur qui se dégage. À la sortie, les lunettes s’embuent

Une autre entrée des caves, à quelques centaines de mètres, dans un recoin perdu du village de Saumoussay. C’est celle identifiée dans l’article de Ouest France, fermée, et dont on aperçoit l’entrée à gauche. Il est vraisemblable que tout cela communique :

Derrière la grille

 

Votre serviteur, auteur de ce reportage, dans ce qui aurait pu être un bureau de contremaître

© Patrick GERMAIN pour l’ACAM

flash 265 – Solution Quiz #3 : L’histoire oubliée de l’éphémère cave-usine Messier près de Saumur

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