BREF  HISTORIQUE  DE  LA  SOCIÉTÉ  MESSIER
ET  DE  MESSIER AUTO-INDUSTRIE

Dans les années 1920, George Messier “Ingénieur Constructeur”, se consacre à l’étude des dispositifs oléopneumatiques pour l’absorption des chocs et commence à déposer ses premiers brevets.

Les premiers dispositifs de suspension oléopneumatique sur automobile ont été réalisés dès 1920, la première étant une Peugeot 201 transformée et essayée en 1921. Les essais ayant donné des résultats particulièrement encourageants, George Messier construit complètement plusieurs voitures de diverses puissances, équipées de suspensions oléopneumatiques de plus en plus perfectionnées.

L’intérêt de ses suspensions, réside dans le fait qu’elles assurent un grand confort pour les occupants et une bonne tenue de route aux grandes vitesses. Ceci est réalisé par une grande flexibilité de la suspension arrière et dans une moindre mesure pour la suspension avant, et une flexibilité en roulis réduite, avec un réglage automatique de la hauteur de caisse en fonction de la charge transportée (assiette constante).

Voiture Messier sans ressorts
George Messier au volant d’une « Messier sans ressorts » (la seule photo !)
1ère Peugeot équipée d'une suspension Messier
1ère Peugeot équipée d’une suspension Messier
Voiture Peugeot équipée de la suspension Messier
Voiture Peugeot équipée de la suspension Messier

La société “Messier Automobiles” est créée au 29 avenue Léon Gambetta – Montrouge – Seine –
George Messier détient également les 2/3 de la société SEAP = Société d’Études et d’Applications Pneumatiques. Cette société reçoit toutes les redevances de la suspension pneumatique.

01/08/1923 : changement de raison sociale : “Société Anonyme de Construction Mécanique de la Seine” – CMS – 29 avenue Léon Gambetta – Montrouge – Seine –
Fabrication des “Messier sans ressorts” à suspension intégralement oléopneumatique (150 exemplaires livrés), dans une usine de 500 m2. La vente est assurée par la Société Commerciale des Automobiles Messier.
Ces voitures participent avec succès à des compétitions automobiles.

Quelques résultats obtenus avec la suspension pneumatique Messier :

  • Avril 1923 : 1er prix dans la catégorie « Dispositifs remplaçant les ressorts » au Concours de suspension organisé par le Royal Automobile Club de Belgique.
  • Mars 1925 : Raimond sur « Messier sans ressorts » se place 3è au classement général du concours Paris-Nice Automobile.
  • Août 1925 : la voiture « Messier sans ressorts », pilotée par Sandford et Soreau, se classe 1ère, catégorie 1500 cm3 sport, dans l’épreuve « Paris-les Pyrénées-Paris » organisée par Moto-Revue avec le concours du Petit Parisien. Cette épreuve est tellement difficile, que sur les 43 équipages au départ, 25 ont dû abandonner.

  • 13 Décembre 1925 – Coupe de Noël à Reims : sur très mauvaises routes, les deux voitures Messier pilotées respectivement par Raimond et Soreau se classent 1ère et 3è dans la catégorie 1500 cm3.
    Les commentaires de la presse « l’Eclaireur de l’Est » sont les suivants : « Cette suspension qui se règle automatiquement suivant la charge, a permis au pilote Raimond de réussir la meilleure moyenne sur la plus mauvaise parie de l’itinéraire, dépassant le 75 km/h de Soissons à Château-Thierry. »
  • 19 et 20 Juin 1926 – Rallye d’Ostende : sur 48 concurrents, Raimond sur « Messier sans ressorts » se classe 1er dans la catégorie « grand tourisme » 750 km, Soreau sur « Messier sans ressorts » se classe 5è.
    Dans la catégorie « petit tourisme » sur 360 km, Dufour sur « Messier sans ressorts » se classe 4è.
    Au classement général toutes catégories, Raimond se classe 1er.
    Au kilomètre lancé, tourisme 1500 cm3, 1er Raimond, 2è Soreau.
    Au 500m départ et arrivée arrêté, 1er Raimond, 2è Soreau. L’équipe Messier emporte la coupe « Hartford ».
  • Août 1926 – Epreuve « Paris-les Pyrénées-Paris » : catégorie 1500 cm3 sport, 1er René Raimond 1000 pts, catégorie touriste, 1er Soreau 1000 pts. Les équipages Messier sont les seuls à ramener le maximum de points, sans pénalités.
  • Mai 1927 – Coupe des “Six heures de Bourgogne” : l’équipe Messier 1ère dans la catégorie 1500 cm3 ;
  • 1927 – Épreuve “Paris-Les Pyrénées-Paris” : l’Equipe Messier se place 1ère et 3è et remporte définitivement la Coupe des Pyrénées.
  • 1928 – Rallye de Pau : 1er Raimond sur Messier 1500 cm3 ;
  • 1928 – Record de la Cote d’Argenteuil : catégorie course 5 litres, remporté par Raimond sur la Messier 8 cylindres.
  • Août 1927 : Les Automobiles Messier ont dans leur catalogue :
    . châssis 6 cylindres, 15 HP :                52 000 F
    . châssis 6 cylindres, 17 HP long :        62 000 F
    . châssis 8 cylindres, 20 HP long :        75 000 F
    . châssis 8 cylindres, 24 HP long :        98 000 F,
    ces prix s’entendent avec 5 roues sans pneus, équipement électrique complet, phares et lanternes arrières, avertisseur électrique, phare code, capot aluminium.

  • En 1928 le catalogue devient :
    – Châssis 15 CV – 6 cylindres,
    – Châssis 17 CV – 6 cylindres,
    – Châssis 20 CV – 8 cylindres en ligne, tourisme,
    – Châssis 20 CV – 8 cylindres en ligne, type sport

C’est le 27 août 1928 que George Messier fonde à Montrouge, avec René Lucien la SFMA, Société Française de Matériel d’Aviation, qui commercialise ses inventions.

Le catalogue 1929 ajoute les modèles suivants :

  • Châssis 24 CV – 8 cylindres en ligne,
  • Châssis 30 CV – 8 cylindres en ligne,
  • Châssis spécial pour ambulance, 24 CV – 8 cylindres ou 19 CV – 6 cylindres.

En tout 150 voitures Messier “sans ressorts” ont été livrées.

23/01/1933 : décès de George Messier des suites d’un accident de cheval.
L’équitation était aussi la passion d’Ettore Bugatti qui adopta la calandre en fer à cheval qui sera un des signes distinctifs de sa marque.

Juin 1933 : Installation de la SFMA au 57 et au 58 rue Fénelon – Montrouge – Seine –
et création de la SIAM (Suisse) – Société d’Inventions Aéronautiques Mécaniques – pour l’exploitation des brevets Messier.

1935 : Parution d’une plaquette de présentation des réalisations Messier

13/12/1937 : Changement de raison sociale, la SFMA devient la Société “MESSIER” – “Le spécialiste du train d’atterrissage” – 58 rue Fénelon – Montrouge – R.C. Seine 234-598B – Capital : 2 400 000 F.
Messier dispose de 5000 m2 d’ateliers et de bureaux sur un terrain de 8000 m2.
Présidente Mme Yvonne Lévy-Bonnamy, Directeur Général M. René Lucien .

Messier Auto Industrie

En septembre 1945 Messier-Auto-Industrie, Division de Messier S.A., est chargé de transposer en les adaptant aux besoins des industries les plus diverses, les techniques aéronautiques de Messier S.A..

Messier Auto-Industrie se spécialise plus particulièrement dans les matériels suivants :

  • Freins à disques
  • Amortisseurs à levier
  • Suspensions oléopneumatiques
  • Trains de roulement relevables
  • Circuits hydrauliques, pompes hydrauliques, moteurs hydrauliques, distributeurs, détendeurs
  • Transmissions hydrostatiques.

Freins à disques

Amortisseurs

Hydraulique : moteurs rotatifs, servo-moteur électro-hydraulique

Messier Auto-Industrie est plus spécialement axé sur l’étude et la réalisation de matériels destinés aux poids lourds, aux véhicules spéciaux, civils ou militaires, chenillés ou à roues, aux engins de travaux publics ou agricoles, aux appareils de levage ou de manutention.
Messier Auto-Industrie assure en outre l’ingénierie complète d’installations hydrauliques, en faisant appel en complément, selon les besoins, aux industries mécaniques, électriques et électroniques.

Parmi les réalisations les plus représentatives on peut citer :

  • Aérotrains 250-80 (Inter ville) et 180-44 (Suburbain) : propulsion auxiliaire par transmission hydrostatique, freinage ;
  • Naviplane N-300 (aéroglisseur marin de 27 t sur coussin d’air) : train de roulement relevable permettant le déplacement du véhicule sur aires de parking en l’absence de sustentation pneumatique ;
  • Terraplane BC-7 (Véhicule terrestre sur coussin d’air de 5 t) : Propulsion, direction et freinage ;
  • Véhicule militaire blindé à roues Crotale : suspension oléopneumatique à garde variable, servo-direction, freins à disques, servitudes hydrauliques diverses ;
  • Dumper Berliet T-60 (engin de travaux publics) : centrale hydraulique, vérins de servo-direction, amortisseurs à leviers, fonctionnant aux très basses températures (-60°C) notamment pour la Sibérie.
  • Chars AMX10, AMX13, AMX30 : amortisseurs oléopneumatiques, vérins rotatifs.

1956 : Cessation de l’activité de production d’automobiles Bugatti par l’usine de Molsheim, usine fondée en 1909 par Ettore Bugatti (dépositaire de plus de 1000 inventions brevetées en mécanique), et reprise un temps par son fils Jean Bugatti décédé précocement en 1939 à l’âge de 30 ans.

1968 : Hispano-Suiza devient une division de la Snecma.
Cette société avait été fondée en 1904 par le suisse Marc Birkigt associé aux hommes d’affaires espagnols Damian Mateu et Francisco Seix.
Bugatti devient une filiale directe de la Snecma.
La Snecma, créée en 1945 par nationalisation de la société Gnome et Rhône, est issue à l’origine de la société créée par Louis Seguin (arrière petit neveu des frères Montgolfier et petit fils de Marc Seguin) en 1895 à Gennevilliers, qui deviendra le 6/6/1905 la société des Moteurs Gnome (du nom de la licence du moteur allemand “Gnom”) et du rapprochement avec successivement les Moteurs Le Rhône, les Moteurs Renault, les Moteurs Lorraine…

1969 : Effectifs Messier : 2 330 personnes dont 1200 à Montrouge, 30 à Paris, 70 Auto-Industrie, 690 à Bidos, 120 à Izeste, 280 à Arudy, 50 à Mérignac, CA 1969 : 152 MF.

1/1971 : les activités “atterrisseurs” d’Hispano-Suiza sont rattachées à la société Bugatti.
– Effectifs Messier : 2680 personnes dont 1400 à Montrouge, CA 1971 : 198 MF ( 300 MF consolidé avec Bugatti).

6/1971 : Messier-Hispano – Fusion des activités “atterrisseurs” de Messier et d’Hispano-Suiza.
Le Groupe Messier est constitué de Messier S.A. qui comprend la Division Auto-Industrie, la Division Fonderie d’Arudy, la Division Ti, les filiales SEDIC (90%), SERAIS (50%), SIFAL Fonderie (Israël) en participation à 42%, et de Messier-Hispano détenu à 66% par Messier et à 34% par SNECMA.

1/1972 à 7/1972 : Les activités Roues et Freins de Messier sont reprises par la Société Bugatti à Bois-Colombes.

7/1972 à 7/1977 : Les activités Roues et Freins de Bugatti viennent à Montrouge sous le nom Bugatti – 51 rue Racine, 92120 Montrouge –
Le Siège Social est à Paris – 150 Bd Haussmann 75361 Paris Cedex.

Fin 1973 : La Snecma devient majoritaire (51%) chez Messier-Hispano.

Messier-Auto-Industrie s’installe à Champlan (Essonne).

1/1974 : Messier Auto-Industrie devient une division de Lucas France SA du Groupe Lucas Aerospace (G.B.).

Messier Auto-Industrie poursuit sa gamme de matériels pour les chars, les véhicules spéciaux, les engins de travaux publics au sein du groupe Lucas.


Char Leclerc – Frein à disque

Char Leclerc et AMX-10 : Suspensions hydropneumatiques

1975 : Bugatti devient filiale à 85% de Messier-Hispano. Effectifs Messier-Hispano/Bugatti : 3150 personnes.

12/7/1977 : Messier-Hispano-Bugatti : Fusion Messier-Hispano avec la société Bugatti.
Le nouveau logo MHB intègre l’aigle Messier, la cigogne Hispano et l’ovale Bugatti.

La voiture “Messier sans ressorts” appartenant à Mme Lucien, veuve de George Messier, a été remise en 1978 au Centre de l’Automobile Française “Collection Charbonneaux” pour restauration et exposition définitive à Reims.


Voiture Messier : avant restauration et après

Voiture Messier exposée au Musée de l’Automobile « Charbonneaux » à Reims
Voiture Messier exposée au Musée de l’Automobile « Charbonneaux » à Reims

Début 2008 le Musée safran a racheté cette voiture, deux photos sont sur cette page.

Les suspensions Messier ont été les précurseurs des célèbres suspensions des voitures DS 19 de 1955 que Citroën sut améliorer en les fabriquant à des prix de revient adaptés à l’automobile de grande série.

La voiture Messier : une voiture sans ressorts
Le problème de la suspension

Le problème de la suspension est le plus délicat que rencontre l’ingénieur dans l’établissement d’un châssis : de nombreux facteurs contradictoires sont en présence ; il faudrait que la suspension soit à la fois douce, pour assurer le confort aux petites allures ou avec faible charge et permette en outre une bonne tenue de route aux grandes vitesses ou lorsque la voiture est chargée.

Les ressorts métalliques créés pour assurer la suspension des véhicules à chevaux circulant à faible allure, et qui en somme n’ont subi que peu de modifications pour être appliqués aux automobiles, ne résolvent plus, que d’une manière très imparfaite, le problème de la suspension, malgré l’emploi d’amortisseurs divers qui ne font qu’atténuer légèrement leurs nombreux inconvénients, trépidations sur le pavé, coups de raquette, etc…

En outre, avec des ressorts, la voiture n’a une suspension passable que pour une charge donnée, généralement quand toutes les places sont occupées.

Aucune suspension à ressorts ne satisfait aux desiderata d’une bonne suspension qui sont les suivants :

  1. – Réglage automatique suivant la charge ;
  2. – Douceur à toutes les allures ;
  3. – Bonne tenue de route aux grandes vitesses ;
  4. – Élimination complète des risques de rupture et de l’usure.

La suspension pneumatique MESSIER résous parfaitement le problème, elle supprime les ressorts métalliques qui sont remplacés par quatre appareils de suspension pneumatique et assure aux véhicules le maximum de confort.

L’air seul, en effet, est parfaitement élastique ; il y a autant de différence, au point de vue de la douceur, entre une voiture à suspension pneumatique et une voiture à ressorts, qu’il y en a entre une voiture montée sur pneus et une voiture montée sur bandages pleins.

En outre, dans la suspension pneumatique MESSIER, la douceur est la même quelle que soit la charge, car elle s’adapte automatiquement aux variations de poids transporté.

Chacun des quatre appareils se compose principalement d’un cylindre fixé au châssis et dans lequel se déplace un piston solidaire de l’essieu ; un matelas d’air comprimé emprisonné dans le fond du cylindre assure l’élasticité du système ; une capacité auxiliaire augmente le volume de l’air sur lequel agit le piston et procure une grande douceur de suspension, assurant ainsi l’amortissement progressif des chocs même les plus violents. Une section réduite des orifices freine le passage de l’air et élimine ainsi les coups de raquette.

Un système de distribution très simple assure le réglage automatique suivant la charge et la compensation des pertes ; l’alimentation provient d’un réservoir central où la pression est maintenue par une petite pompe commandée par le moteur ; une canalisation de retour permet la circulation de l’air en circuit fermé ; cet air entraînant une certaine quantité d’huile, assure ainsi le graissage et l’étanchéité complète de tous les organes.

L’expérience de nombreuses voitures, dont certaines ont parcouru plus de 100 000 kilomètres, montre que l’usure est pratiquement nulle et que les canalisations bien établies ne peuvent donner aucun ennui.

SÉCURITÉ – L’expérience du freinage de l’air comprimé sur les chemins de fer montre, du reste, que ce fluide sous pression s’adapte parfaitement aux conditions d’installations sur les véhicules.

DURÉE – On sait que les voitures à ressorts, après un certain parcours, arrivent à une période dans laquelle tous les organes du châssis étant fatigués par les vibrations et les trépidations, les réparations se succèdent.

Ce phénomène est bien connu des automobilistes et a donné lieu à l’appellation de « Période des réparations ».

Avec la suspension pneumatique MESSIER, au contraire, on constate à l’usage que la voiture ne vieillit pas.

Cet avantage compenserait largement, à lui seul, la légère augmentation de prix entraînée par la suspension pneumatique.

(extrait des brochures « Automobiles MESSIER » – Modèles 1928, et Modèles 1929)

MESSIER SUSPENSION PNEUMATIQUE

LE TRAIN BLEU DE LA ROUTE

Deux photos d’une Messier sans ressort prises en mars 2008 au musée Safran juste après son rachat au Musée de l’Automobile « Charbonneaux » de Reims.